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Les seuils réglementaires : un débat complexe
Dès 2001, la communauté européenne a réglementé
la teneur maximale en cadmium dans certaines
denrées alimentaires et matières premières destinées à
l’alimentation humaine (CE 1881/2006) et animale (CE
87/2005). Pour le blé dur, la teneur seuil est de 0,2 mg/
kg de grain commercialisé.
Mais depuis quatre ans, ce seuil fait débat au sein de
l’Union européenne et de la France. En janvier 2009,
l’Efsa (agence européenne de sécurité sanitaire des
aliments) publie un avis selon lequel « les céréales
comptent parmi les aliments qui contribuent le
plus à l’exposition au cadmium du fait de leur forte
consommation ».
L’agence évoque ainsi la possibilité
d’une sur-exposition de certaines populations, telles que
les enfants et les végétariens. Deux ans plus tard, un
nouvel avis est publié.
Il confirme l’abaissement de la
dose hebdomadaire tolérable à 2,5 μg/kg (contre 7 μg/kg
admis auparavant). Or, l’exposition des consommateurs
est très proche de cette valeur de référence. Fort de ces
résultats, la commission européenne décide de réviser
les seuils en vigueur sur céréales.
Les discussions sont
vives entre les États membres. En effet, un seuil abaissé à
0,1 mg/kg pourrait engendrer des déclassements de lots
conséquents pour les fi lières, surtout en blé dur.
En mai 2011, la Commission propose un seuil à 0,1 mg/
kg sur céréales, à l’exception du blé dur, dont la limite
serait fi xée à 0,15 mg/kg.
Une marche arrière motivée par l’expertise
issue des travaux d’enquêtes
Conjointement à ces discussions, l’étude de l’alimentation
totale (EAT) en France publiée par l’Anses (Agence
nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail) montre que le risque
représenté par les céréales sur leur contribution dans
les apports en cadmium ne peut être écarté, confi rmant
ainsi les conclusions de l’Efsa.
Toutefois, après une étude
plus poussée, l’Anses publie en novembre 2011 un avis
indiquant que l’abaissement des limites en cadmium
n’aura aucun impact sur l’exposition du consommateur.
Sur ces bases, la commission européenne propose en
janvier 2012 un abaissement des seuils en deux temps
pour le blé dur, à 0,175 mg/kg sur trois ans puis à
0,15 mg/kg. Mais, la commission fait marche arrière en
mai, avec l’abandon du projet d’abaissement des seuils
réglementaires pour une recommandation dont le contenu
n’est à ce jour pas connu.
En l’espace de trois ans, le discours est passé
d’une volonté d’abaissement par deux des limites
réglementaires à une simple recommandation.
Cette
situation révèle la complexité de légiférer sur des limites
réglementaires pour les contaminants et surtout, l’intérêt
des avis des experts pour une législation cohérente.